Wednesday, September 14, 2011

A propos de la lutte de ligne au sein du Parti Communiste Unifié du Népal (maoïste) par le PCmF

A propos de la lutte de ligne au sein du Parti Communiste Unifié du Népal (maoïste)


Le Parti Communiste du Népal (Maoïste) a mené une guerre populaire durant 10 ans, de 1996 à 2006, étendant la zone d’influence du Parti sur 80% du territoire.
En 2006, suite à une alliance avec les 7 partis d’opposition, le Parti est entré dans la légalité, a cessé la lutte armée, a accepté le confinement de ses armes sous le contrôle de l’ONU. Le parti a remporté les élections avec 40% des suffrages exprimés. Prachanda a alors accédé au poste de premier ministre à la tête d’un gouvernement comprenant des membres des partis bourgeois, y compris les féodaux et les pro-impérialistes et le parti révisionniste (UML), un gouvernement d’Union nationale.
Dans ces conditions, il était quasiment impossible de mettre sur pied une véritable démocratie pour le peuple, de procéder à une réforme agraire. Malgré cela le Parti avait et a peut-être encore une possibilité de mobilisation importante.
Une nouvelle Constitution devait être mise sur pied, mais de reculade en reculade des partis alliés au PCN(M), devenu entretemps le Parti Communiste Unifié du Népal (Maoïste), la Constitution n’a toujours pas été promulguée. Prachanda, dans l’impasse, a dû démissionner après que le Président de la République ait maintenu à la tête de l’armée le général Katawal. Des membres du Parti continuent à siéger au parlement.
Au sein du Parti, la thèse mise en avant est que la Révolution au Népal comporte plusieurs phases : la guerre populaire, la lutte parlementaire et l’arrêt de la guerre populaire, la préparation des masses pour l’insurrection.
Il y a une différence qui s’est révélée dans la pratique. Ce qui était présentée comme une tactique pour réaliser les conditions de l’Insurrection est devenue une stratégie pour l’instauration de la Démocratie Nouvelle dans les conditions du XXIème siècle suivant « la voie Prachanda », et ceci présenté comme généralisable pour tous les pays et conseillé à tous les partis, sans la moindre preuve de la validité de cette théorie, bien au contraire.
De reculade en reculade, différentes tendances et orientations sont apparues au sein du PCUN(M). Une des lignes est pour l’instauration d’une république démocratique parlementaire de type bourgeois ; une autre, centriste, défend la stratégie de mobilisation des masses tout en la coordonnant avec la lutte parlementaire mais aussi par la direction de l’appareil d’Etat. Celle-ci a fait faillite à ce que nous pouvons observer. Une autre affirme vouloir faire avancer la révolution en donnant priorité à la mobilisation des masses et en voulant transformer le parti de l’intérieur. Cela parait extrêmement difficile à l’heure actuelle.



Dans l’esprit de maintenir l’unité du Parti se côtoient des positions droitières, centristes et révolutionnaires. Pour maintenir l’Unité à tout prix et poursuivre la ligne qui a conduit à la situation de blocage, de paralysie actuelle, et pour reconquérir le poste de premier ministre, une réunion du Comité Central a suggéré de choisir comme candidat pour le poste de premier ministre un représentant de la tendance prônant la démocratie de type bourgeoise.



Le problème qui se pose avec insistance est que la nomination d’un premier ministre du PCNU(M) va aller de pair avec la dissolution de l’Armée Populaire, la remise des armes et l’intégration d’une partie dans l’Armée nationale et sous la direction du haut-commandement issu de l’ancienne Armée royale. Autrement dit, c’est la liquidation de l’APL, le désarmement complet.



Dans ces conditions, il y a deux options :

1. La reddition complète, l’abandon total de la perspective de l’insurrection. Cela fait cinq ans que le Parti est engagé dans ces transactions, sans une avancée significative pour résoudre la question du « pouvoir ». Que pensent les masses de tout cela ? Elles sont dans l’expectative pour le mieux, dans la désillusion pour le pire.
2. La reprise du combat révolutionnaire, qui suppose une mobilisation des masses. « Un se divise en deux » et non « Deux sont unis en un ». Il faut choisir. La ligne droitière doit être dénoncée devant les masses, la seule façon c’est en revenir aux masses, car se sont les masses qui font l’histoire, et en même temps qui la subissent quand leurs dirigeants adoptent des positions erronées, vacillantes ou liquidatrices, révisionnistes.
Le meilleur soutien que doivent apporter les maoïstes dans le monde, c’est de se tenir fermement pour la 2ème option, c’est de le dire clairement aux camarades qui veulent vraiment mener la révolution à son terme et affirmer nos positions. La solution qui sera adoptée et surtout mise en œuvre au Népal concerne le mouvement communiste dans son ensemble et pas seulement les communistes népalais. Critiquer les positions erronées, les tactiques inadéquates adoptées, dévoiler les liquidateurs et les révisionnistes, etc., c’est le meilleur soutien que nous pouvons apporter aux positions relativement correctes, aux camarades qui veulent poursuivre la lutte pour la révolution au Népal. Il y a des maoïstes au Népal qui luttent pour la révolution et nous devons les soutenir face aux liquidateurs !

Note et précisions : Ce texte a été écrit quelques jours avant l’élection de Bhattarai au poste de premier ministre. La situation s’est depuis clarifiée et les liquidateurs ont dévoilé au grand jour leur vraie nature de classe. Si Bhattarai est arrivé premier ministre, c’est grâce à un accord passé entre Bhattarai et Prachanda d’un côté et les partis Madhesis de l’autre. Il est de notoriété publique que les partis Madhesis sont les représentants des intérêts de l’Inde au Népal. Mais ce qui est le plus troublant est le contenu de cet accord. Un des points mentionne la création d’une « république démocratique inclusive ». C’est le contraire de la ligne du Parti de la « république populaire fédérale ». L’accord prévoit également la création d’une unité séparée dans l’Armée Népalaise pour 10 000 Madhesis au moment même où l’APL est désarmée et que les plans pour l’intégration sont de les placer sous commandement de l’Armée Népalaise. Mais encore, peu après avoir liquidé l’APL en rendant les armes, le gouvernement dirigé par Bhattarai a ordonné aux administrations régionales de procéder à la remise de toutes les propriétés saisies par les maoïstes durant la Guerre Populaire. Que va-t-il rester aux masses ? Mais les liquidateurs font face et Hari Gyawali, responsable maoïste de la région Kochila a affirmé : « Nous avons obtenu ces terres en échange du sang. Nous ne pouvons rendre les terres tant qu’une réforme agraire révolutionnaire n’est pas mise en place. » « Le gouvernement fera face à la confrontation s’il utilise des moyens coercitifs. » « Les squatteurs, les Kamaiyas [ex-serfs] et les familles des martyrs utilisent ces terres. Nous ne rendrons pas les terres aux propriétaires tant qu’une réforme agraire révolutionnaire n’est pas mise en place. » De même la gauche du Parti organise ses propres meetings de formation à travers tout le pays. La situation pourrait virer à l’affrontement ouvert. En tout cas, le Comité Central doit se réunir le 30 septembre. D’ici là, regardons de près la situation au Népal, elle risque d’évoluer rapidement.

PC maoïste de France

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