Monday, April 27, 2015

France - Où en est on après les élections départementales ?


Où en est on après les élections départementales ?
Au premier tour comme au second, on constate un taux d'abstention élevé : plus de 50 % des inscrits en comptant les blancs. Constat : le « parti » des abstentionnistes est majoritaire, auquel il faut ajouter les non-inscrits, nombreux parmi les jeunes et les immigrés qui n'ont pas de droit de vote. On atteint alors plus de 60 % de la population qui n'a pas participé aux élections. Cette tendance à l'abstention n'est pas récente : il y a bien rejet massif des gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, et plus largement un rejet de la « politique politicienne » qui n'a aucune alternative à proposer au capitalisme.

Le gouvernement actuel a subi une défaite cinglante au profit de la droite et de l'extrême-droite.

En tout, l'UMP-UDI a obtenu 1260 conseillers ; le PS 774 ; le FN 62 (avec la Ligue du Sud). Le total des voix de droite s'élève à un peu plus de 8 millions, celles de gauche autour de 5 millions et celles d'extrême-droite à plus de 4,2 millions.

En apparence le FN a peu progressé, mais c'est une élection locale, pas nationale. Il n'y a pas eu d'élections à Paris, ni à Lyon. Le FN s'est implanté localement, notamment dans des cantons ouvriers : Hénin-Beaumont et Lens et environs, Lille et environs, Hirson, dans la Meuse, St Dizier, Châlons en Champagne, Somme, Aisne, Oise. Au Sud : Berre l'Etang, Brignomes, Fréjus, Toulon, Carpentras, Orange, Béziers, le Gard…

La montée des scores électoraux du FN est liée à l'approfondissement de la crise et ses conséquences : montée continuelle du chômage, réduction des prestations sociales, réduction et destruction des droits sociaux, augmentation considérable de la précarité, privatisation des services publics, surveillance généralisée de la population au nom de la lutte contre le terrorisme, ruine de nombreuses petites et moyennes entreprises.


Le taux d'abstention est le reflet le plus visible du dégoût des masses vis à vis des partis institutionnels et inquiète la bourgeoisie. C'est sur cette inquiétude que se développe le FN, représentant l'aile du capital financier le plus réactionnaire. Le FN, comme l'ont fait tous les partis fascistes, utilise la politique du bouc-émissaire (hier les juifs, aujourd'hui les immigrés), afin de détourner la classe ouvrière du combat de classe.

Les directions des partis et syndicats de gauche ont liquidé toute orientation révolutionnaire, de lutte de classe. Elles pratiquent la conciliation de classes, ce qui a pour résultat un regain de la droite et une montée continue du parti fasciste.

Le contexte international est différent d'avant la seconde guerre mondiale : l'URSS était un rempart contre la bourgeoisie. Elle a été liquidée, ainsi que la Chine socialiste par, la restauration capitaliste portée la nouvelle bourgeoisie qui s'est développée au sein des Partis Communistes de ces pays. La grande majorité des Partis Communistes des pays capitalistes et des pays opprimés n'ont pas compris ou pas voulu comprendre ce phénomène, ce qui les a de fait transformés en partis réformistes ayant abandonné toute stratégie révolutionnaire pour vaincre la bourgeoisie, défendant une ligne d'intégration au système parlementaire et en définitive de conciliation de classe.

Aujourd’hui, le FN est sur un boulevard, ouvert par les partis successifs au pouvoir. Du haut de la tribune que les médias bourgeois lui offre, il les dénonce comme incapables et tente de diviser la classe ouvrière en désignant des boucs émissaires illusoires de la crise : les immigrés. Jamais le FN ne pointe du doigt la responsabilité de la bourgeoisie impérialiste dans la crise que nous subissons ! Rien de plus normal, afin d'arriver au pouvoir, le FN entend bien défendre les intérêts de cette même bourgeoisie. Encore une fois, le FN cherche à diviser les travailleurs et travailleuses en servant de la soupe aux illusions, espérant ainsi gagner des voix auprès de celles et ceux qui n'ont plus d'espoir et qui se disent qu'au mieux, le FN arrivera à faire quelque chose du pouvoir et qu'au pire, ça fera tout péter.

La classe ouvrière, les travailleurs et travailleuses, les petits patrons ruinés, les jeunes sans avenir ne croient plus aux promesses jamais tenues des partis de droite ou de gauche, et une partie, dégoûtée, se dit : « après tout essayons le FN ». C'est un piège mortel. L'histoire nous enseigne que le fascisme ne représente pas les intérêts de la majorité, c'est à dire de celles et ceux qui participent à la production de richesse par leur travail direct, mais de la partie la plus réactionnaire du capital financier, prête à tout pour garantir un taux de profit le plus élevé possible.

D'autre part, l'incapacité des partis et fronts dits de gauche à proposer une alternative réelle au capitalisme désarment politiquement et idéologiquement les travailleurs et travailleuses et creusent ainsi le lit du fascisme. SYRIZA en Grèce porte en elle le fruit électoral du mouvement populaire massif qui secoue le pays depuis plusieurs années. Mais en à peine quelques semaines, les illusions tombent déjà quant à sa capacité à s'opposer aux politiques impérialistes de l'Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International. En Espagne, Podemos porte lui aussi les espoirs des masses populaires qui se sont mobilisées à plusieurs reprises contre l'austérité imposée par les impérialistes.

Pourtant, il y a tout à parier que même si Podemos arrive au pouvoir il lui sera impossible de régler quoi que ce soit car ce que visent ces fronts et mouvements, n'est que la prise en main du vieil appareil d'Etat qui est taillé sur mesure pour défendre les intérêts de la bourgeoisie. Déjà Marx nous avait éclairé sur ce point dans son analyse de la Commune de Paris : « Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l'appareil d'État et de le faire fonctionner pour son propre compte. » (La Guerre civile en France, 1871). Ce que Lénine a analysé plus complètement encore dans L'Etat et la Révolution, 1917 : « Marx a précisément enseigné que le prolétariat ne peut pas se contenter de conquérir le pouvoir d’État (en ce sens que le vieil appareil d’État ne doit pas passer simplement en d’autres mains), mais qu’il doit briser, démolir cet appareil et le remplacer par un nouveau. »

Pour parvenir à cet objectif, il est plus qu'urgent de construire le Parti Communiste Révolutionnaire dont l'objectif est la prise du pouvoir, la destruction de l'appareil d’État bourgeois et son remplacement par celui du prolétariat à la tête des masses populaires. Un Parti Communiste n'est pas suffisant, il est nécessaire de construire contre la bourgeoisie un front le plus large possible regroupant toutes celles et ceux qui veulent vivre dans un monde où celles et ceux qui travaillent seront maîtres des moyens de production et pourront alors faire les choix nécessaires pour assurer le bien-être de toutes et tous, dans un monde où seront éliminées la guerre, la misère, l'exploitation et la dictature du capital.

Il va de soi, et la montée du fascisme l'illustre, que la bourgeoisie ne rendra pas le pouvoir de son plein gré. Elle utilisera son appareil d’État pour conserver ses privilèges, il faudra se préparer à l'affronter si nous voulons atteindre notre objectif et nous doter pas à pas de moyens nécessaires pour vaincre, dans une première phase pour défendre nos luttes, nos conquêtes sociales arrachées au prix de la sueur et du sang, puis dans une seconde phase, parvenir à un rapport de forces suffisant pour passer à l'offensive et renverser la bourgeoisie et substituer à la dictature de la bourgeoisie celle du prolétariat.

Rejetons les illusions, préparons nous à la lutte !
Le changement passera par la lutte révolutionnaire, pas par les urnes !

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